La Toussaint : repères pour célébrer

REPERES POUR CELEBRER LA TOUSSAINT
 
           
LA TOUSSAINT : LES FLEURS DE L’ ORIENT, LES FRUITS DE L’ OCCIDENT
 
Toussaint Toussaint   La fête de la Toussaint, c’est bien connu, est célébrée, depuis le IVème siècle, le premier dimanche après la Pentecôte. Fort logiquement, elle est liée au don de l’Esprit Saint. Elle nous rappelle que la sainteté est d’abord un effet de la Pentecôte : Les saints célébrés dans l’Eglise le sont d’abord parce qu’ils ont reçu l’Esprit Saint ; et cette présence du Souffle de Dieu en eux a fait fleurir l’amour dans leur vie et dans leurs actes. Oui, vous avez bien lu, la Toussaint est inscrite au calendrier liturgique le premier dimanche après la Pentecôte …. dans les Eglises de rite byzantin. Cette entrée en matière nous permet de saisir qu’en regardant comment nos frères chrétiens d’Orient célèbrent la Toussaint, nous pouvons enrichir notre propre manière de vivre cette grande fête que l’Eglise Catholique Romaine a fixée au…1er novembre. A cette époque de l’année, au moment où les récoltes sont pratiquement terminées, la sainteté est plutôt présentée comme un fruit de l’action de l’Esprit saint. Le 1er novembre, en effet, la Pentecôte semble lointaine, mais la sainteté n’est-elle pas aussi la résultante d’une action durable et prolongée qui porte un fruit délicieux et abondant dans le coeur des croyants ? Aussi, que la sainteté soit présentée comme un fleurissement des cœurs ou comme une récolte abondante, il semble clair qu’elle est d’abord dûe à l’action de l’Esprit Saint agissant à l’intérieur des cœurs.
 
HONORER D’ABORD LES MARTYRS
 
Parmi les saints, l’Eglise a d’abord honoré les martyrs : ils étaient tellement ressemblants au Christ puisque, comme Lui, ils avaient donné leur vie de façon radicale et concrète. Comme le Christ, ils avaient été persécutés. Comme Lui ils étaient morts sous l’action des bourreaux. Les martyrs étaient donc spécialement vénérés : on venait célébrer la Messe, le sacrifice du Christ, sur leurs tombeaux ou sur le lieu où ils avaient eux-mêmes offert leur vie en sacrifice. On construisait sur le lieu de leur ensevelissement des monuments et basiliques où les pèlerins accouraient nombreux. Quoi de plus normal que de venir prier et supplier ceux qui étaient morts de la même façon que Jésus ! Ils ne pouvaient être désormais qu’en parfaite communion avec le Seigneur. En les priant, très certainement, on touchait aussi le coeur du Christ.

 

D’ailleurs, c’est pour honorer les martyrs que le Pape Boniface IV décida de consacrer le panthéon de la Rome païenne, c’est-à-dire le temple jadis dédié à tous les dieux, comme basilique à la gloire de la Vierge Marie et de tous les martyrs. Ce geste fort montrait que, si pour nous chrétiens, il n’y a qu’un seul Dieu, les martyrs qui ont donné leur vie pour le Christ, méritent d’être fêtés à la suite du Seigneur. On choisit donc de célébrer les saints martyrs chrétiens au lieu même où, autrefois, la Rome antique fêtait l’ensemble de ses dieux et déesses. Le culte des martyrs était donc une manière adroite de mettre définitivement au placard le culte des divinités païennes. Dans ce Panthéon rebaptisé, le Pape y transporta les ossements de nombreux martyrs tirés des catacombes. La date de la dédicace de la nouvelle basilique et de la translation des reliques des martyrs, le 13 mai 610, devint année après année, à Rome, comme une sorte de première fête de la Toussaint.

 
FETER EGALEMENT LES JUSTES DEVANT DIEU
 
Mais on ne voulait plus se contenter de fêter les martyrs : N’y avait-il pas, parmi les chrétiens, des hommes et des femmes qui, sans être morts dans la persécution, avaient témoigné de leur foi par leur vie et les œuvres ? Tous ses justes, connus ou inconnus, qui ont vécu saintement, jour après jour, dans la fidélité au Seigneur, ne pouvons-nous pas également nous confier à eux, les prier, les invoquer ? Saints évêques et pasteurs, fondateurs d’Eglise, missionnaires, moines et moniales, religieuses et religieux, confesseurs de la foi, consacrés au Seigneur, hommes et femmes vivant leur foi au coeur du monde, ils sont si nombreux à avoir vécu de l’Evangile. Ils sont nos aînés dans la foi et nos guides dans notre marche vers Dieu. Dans la basilique St Pierre de Rome, une chapelle leur était déjà dédiée dès l’année 731. En 835, le pape Grégoire IV fixa au 1er novembre le fête de tous les saints, martyrs ou non. Cette date ne tarda pas à être adoptée dans toute l’Eglise en occident.
 
LES ACCENTS PROPRES A LA FETE DE LA TOUSSAINT
 
La liturgie prévoit-t-elle des rites particuliers pour la fête de la Toussaint ? Non, mais l’Eglise donne à cette solennité des accents très joyeux, et cela pour au moins quatre raisons :
 
- en premier lieu, la Toussaint nous donne à contempler l’Eglise du ciel : Le saints y sont rassemblés, chantant les louanges du Seigneur. Ils sont notre véritable famille. Cette vision nous aide à faire grandir en nous le désir de les rejoindre : aucun bonheur terrestre n’arrive à la cheville de ce que nous sommes appelés à partager auprès des saints, dans la lumière du Christ.[1]
- en second lieu, la Toussaint nous permet de prendre conscience que, bien loin d’être éloignés de nous, les saints sont, au contraire très proches de nous, tant leur coeur est empli de la charité du Christ. Nous les voyons donc agir en notre faveur et prier pour nous. Nous n’hésitons pas à les invoquer et à nous recommander à eux.
- en troisième lieu, la Toussaint nous aide à regarder les saints comme de véritables modèles. Ils sont des exemples. Leur vie nous montre comment, à travers joies et tourments, ils ont cheminé sur terre avec le Christ. Ils nous tracent la voie. Ils nous persuadent que, dès ici-bas, il est possible à tout homme de marcher dans l’amitié du Christ et la disponibilité à l’Esprit Saint.
- enfin, la Toussaint nous rappelle explicitement que Dieu seul est le Saint par excellence. Les saints sont tous – à l’exception de la Vierge Marie[2] - des pécheurs pardonnés par Dieu. C’est la pure grâce divine qui nous permet d’entrer en contact avec la sainteté de Dieu et de pouvoir en être imprégnés. Sans l’action de Dieu, nous aurions beau nous démener dans tous les sens, personne ne pourrait devenir saint par ses propres forces.[3]
 
CONCRETEMENT

 

Pourquoi ne pas profiter de la Toussaint pour préparer l’église en allant nettoyer et décorer les statues des saints au préalable? Il s’agit d’une démarche concrète qui prépare bien les cœurs à mieux vivre la célébration.

 

Si le Cierge Pascal doit rester au baptistère lors de la fête de la Toussaint (sa présence au choeur, en effet, est réservée au temps pascal, aux baptêmes et aux funérailles), l’invocation des saints par le chant de la litanie des saints pourra avoir sa place au cours de la liturgie soit en lieu et place de la prière universelle, soit en ouverture de la célébration. Dans cette seconde hypothèse, une procession pourrait se constituer hors de l’église et l’assemblée entrerait alors par la porte principale en chantant la litanie des saints ; l’église, en effet, symbolise la Jérusalem céleste où les saints sont déjà rassemblés et la marche évoque notre propre cheminement dans la foi vers l’Eglise du ciel.

 

Si l’église est proche du cimetière, on peut aussi prévoir une procession de sortie qui mène jusqu’au centre du cimetière et qui se concluera par la bénédiction des tombes. Bonne manière de manifester la communion des saints entre les défunts, les saints du ciel et les vivants sur terre, tous appelés à partager la communion éternelle dans le Christ à la fin des temps.

           

En conclusion voici, pour méditation,, un extrait très suggestif de la 1ère préface des saints :

 

« Tu es glorifié dans l’assemblée des saints :
car lorsque tu couronnes leurs mérites,
tu couronnes tes propres dons.
Dans leur vie, tu nous procure un modèle,
dans la communion avec eux, une famille,
et dans leur intercession un appui,
afin que, soutenus par cette foule immense de témoins,
nous courions jusqu’au bout l’épreuve qui nous est proposée
et recevions avec eux l’impérissable couronne de gloire par le Christ, notre Seigneur.. »
 
 
Bertand ESTIENNE
Service diocésain liturgie et sacrements
 


[1] Cf préface de la Toussaint : « et nous qui marchons vers elle (la cité du ciel) par le chemin de la foi, nous hâtons le pas, joyeux de savoir dans la lumière ces enfants de notre Eglise que tu nous donnes en exemple »
[2] Mais la Vierge Marie également, même si elle est sans péché, ne l’est que par le seul effet de la grâce divine. C’est ce qu’exprime la fête liturgique de l’Immaculée Conception (8 décembre)
[3] cf le chant du sanctus « Saint, Saint, Saint, le Seigneur Dieu de l’univers… »
   cf également le chant du gloire à Dieu : « Car toi seul est saint, toi seul est Seigneur, toi seul est le Très-Haut, Jésus-Christ, avec le Saint-Esprit, dans la gloire du Père »
   Notons au passage que les paroles de ces chants disent la foi de l’Eglise. Il est donc important de veiller à apprendre aux enfants et aux adultes de vrais « sanctus » et de vrais « gloria » plutôt que certains chants a priori plus simples, mais aux paroles fortement édulcorées.

Article publié par Yannick Lemaire • Publié le Mardi 12 octobre 2010 • 12205 visites

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