En mettant à part et à l’honneur la Vierge Marie (fêtée sous les vocables de Notre-Dame de Grâce et Notre-Dame du Saint-Cordon), nous pouvons repérer cinq catégories de saints dans le calendrier du diocèse de Cambrai.
LES SAINTS EVEQUES (15)
Les évêques vénérés dans le diocèse sont au nombre de quinze. La plupart ont exercé leur ministère au VIIème siècle, lequel est par excellence, le siècle des saints dans notre diocèse. Vaast les a précédés de quelques dizaines d’années puisqu’il fut, en quelque sorte, l’évêque annonciateur de la ré- évangélisation de notre région après l’épisode des conquêtes dites « barbares ». Catéchiste de Clovis, Vaast fut envoyé au début du VIème siècle, par saint Remi, évêque de Reims, pour réintroduire la foi et la vie chrétienne dans nos contrées ; il fut nommé évêque d’Arras et de Cambrai et résida à Arras.
L’un de ses successeurs, Géry transféra le siège épiscopal à Cambrai. Originaire des Ardennes, il fut ordonné diacre par l’évêque de Trèves. Sa renommée était si grande que le peuple du diocèse d’Arras-Cambrai le demanda comme évêque lorsque le siège fut vacant. Il fut ordonné évêque, vers 590 ? par l’archevêque de Reims. A Cambrai il travailla à extirper le culte des idoles. Géry est également reconnu comme un artisan infatigable dans le rachat et la libération des prisonniers.
Ses successeurs Aubert (cité vers 647 et 667) et Vindicien (cité en 674 et 683) figurent également au calendrier des saints du diocèse. Aubert fut en relation avec d’autres grandes figures de sainteté : Aldegonde, Waudru, Landelin, Ghislain. Vindicien, quant à lui, était lié d’amitié avec d’autres saints : Humbert, Amand et Léger. Un autre évêque d’Arras et Cambrai, figure au calendrier des saints : Hadulf (ou Adolphe). Il occupa le siège épiscopal sans doute entre 717 et 728.
L’époque mérovingienne voit advenir un mouvement missionnaire intense. Certains prédicateurs sont ordonnés évêques. Ils n’ont pas de siège précis et rayonnent en tous sens dans les terres du Nord de la France et de l’actuelle Belgique. Le plus célèbre d’entre eux, Amand, après avoir vécu quinze ans reclus à Bourges, est sacré évêque en 630 et annonce l’évangile de la Scarpe jusqu’à la Meuse. Il implante l’Evangile en semant des monastères dont le plus connu est celui d’Elnone, aujourd’hui appelée Saint-Amand-les-Eaux. Amand initie à la sainteté de nombreuses personnes dont certaines figurent aujourd’hui dans notre calendrier des saints : Humbert, Jonas, Rictrude, Mauront….
D’autres évêques missionnaires sont mentionnés par le calendrier des saints du diocèse de Cambrai : Emebert, Ursmar, abbé de Lobbes (+ 713) ainsi que, pense-t-on Humbert, Ghislain, Saulve et Wasnon. Citons enfin Etton, moine venu d’Irlande avec six autres compagnons et qui s’établit au nord de la Gaule au VIIème siècle également.
Une mention spéciale doit être accordée à Eloi, évêque de Tournai et Noyon (+ 660), vénéré dans notre diocèse surtout en tant que saint Patron du monde de la métallurgie et des agriculteurs.
Reste à dire quelques mots de Amé, évêque de Sion (Suisse) exilé par le pouvoir royal vers 670 ; il est accueilli à l’abbaye de Bruel (Merville) par saint Mauront où il meurt, vers 690, après avoir mené une vie admirable.
LES MOINES ET LES MONIALES (16)
Ils sont seize moines et moniales à être inscrits comme saints au calendrier du diocèse de Cambrai.
Parmi eux, douze vécurent au VIIème siècle qui, décidément mérite bien le nom de « siècle des saints » dans nos régions. Le monachisme a grandement contribué à l’implantation du christianisme dans nos régions. La création de monastères apparaît même comme un moyen d’asseoir l’Evangile. Amand est à ce titre un exemple et un catalyseur : il fonde le monastère d’Elnone (Saint- Amand-les-Eaux) et soutient notamment l’essor des monastères de Marchiennes et de Hamage, de Maroilles, de Maubeuge, de Lobbes.
L’engagement de l’aristocratie mérovingienne constitue un autre aspect de la vie monastique au VIIème siècle. Ainsi, Aldegonde, fondatrice du monastère de Maubeuge, Madelberte et Aldetrude ses nièces, Vincent Madelgaire, fondateur du monastère de Hautmont, Rictrude, abbesse de Marchiennes, et ses enfants Mauront et Eusébie sont issus de la noblesse franque.
D’autres grandes figures monastiques révèlent combien l’esprit chrétien perce peu à peu dans nos contrées : Landelin, fondateur des abbayes de Lobbes et de Crespin, Ursmar, abbé de Lobbes, Jonas, premier abbé de Marchiennes, Humbert, premier abbé de Maroilles, Dodon, prieur à Wallers.
Ce qui frappe également, c’est la dimension familiale du mouvement monastique de cette époque : les quatre enfants de Rictrude, parmi lesquels Eusébie et Mauront, épousent la vie monastique ; il en est de même pour Gertrude leur aïeule . Quant à Madelberte et Aldetrude, elles sont les filles de Waudru et de Vincent Madelgaire et les nièces d’Aldegonde.
Un peu plus tard, à l’époque carolingienne, peut-être au début du IXème siècle, Renfroie fonde l’abbaye de Denain et en devient l’abbesse. Et c’est au début du second millénaire, sous l’impulsion de Richard de Saint-Vanne, que Poppon réforme plusieurs monastères dont celui de Marchiennes où sa vie terrestre s’acheve en 1048.
Le diocèse de Cambrai fait également mémoire d’une moniale originaire de Corbie, Nicole Boylet (1381-1447), connue sous le nom de Colette, qui réforme l’Ordre des clarisses et fonde 18 monastères ; un monastère est établi à Cambrai en 1496.
LES ERMITES (4)
Quatre ermites appartiennent au calendrier des saints du diocèse de Cambrai :Hiltrude qui vit recluse au VIIème siècle dans le voisinage de l’abbaye de Liessies ; Gordaine qui devient ermite, avant le XIème siècle, à l’emplacement de la future abbaye d’Anchin ; Aybert qui s’installe à proximité de l’abbaye de Crespin et meurt dans son ermitage en 1140 ; Druon qui se fixe à Sebourg et vit dans une cellule attenante à l’église environ quarante ans jusqu’à sa mort en 1185.
LES MARTYRS (24)
Les martyrs peuvent être regroupés en trois périodes : la période mérovingienne, la Révolution française et la période contemporaine.
A l’époque mérovingienne appartient Maxellende, assassinée par l’homme à qui on voulait la marier de force malgré le vœu de virginité qu’elle avait prononcé devant Dieu (+ vers 670 à Caudry) ; C’est durant cette même époque, au VIIIème siècle, sous Charles Martel ( ?), que Saulve, évêque itinérant, et Supérius, son compagnon, sont mis à mort à Beuvrages.
La Révolution française donne son lot de martyrs à notre diocèse :
- le 2 septembre 1792, à Paris, 191 évêques, prêtres et laïcs sont massacrés en haine de la foi. Parmi eux se trouvent deux prêtres originaires de notre région, Pierre-Louis Verrier (Douai), Louis-Joseph François (Busigny) et un laïc Jean-Antoine de Villette (Le Cateau).
- Le 26 juin 1794, pendant la Terreur, quatre Filles de la Charité demeurant à Arras sont guillotinées à Cambrai ; il s’agit de Marie-Madeleine Fontaine, Marie-Françoise Lanel, Thérèse Fantou et Jeanne Gérard.
- Les 17 et 23 octobre 1794 ce sont onze religieuses de notre région qui périssent sur l’échafaud à Valenciennes : Sœur Clotilde-Angèle Paillot, (Clotilde-Joseph, 55 ans, de Bavay), Sœur Nathalie (Marie-Louise Vanot, 66 ans, de Valenciennes), Sœur Laurentine (Jeanne Prin, 47 ans, de Valenciennes), Sœur Marie-Ursule (Hyacinthe-Augustine Bourla, 48 ans, de Condé-sur-Escaut), Sœur Marie-Louise (Marie-Geneviève Ducret, 38 ans, de Condé-sur-Escaut), Sœur Augustine (Marie-Madeleine Desjardins, 34 ans, de Cambrai), Sœur Scholastique Leroux, (Marie-Marguerite, 43 ans, de Cambrai), Sœur Cordule Barré, (Jeanne-Louise, 44 ans, de Sailly-en-Ostrevent), ursulines ; Sœur Anne-Marie Erraux, (Augustine, 32 ans, de Pont-sur-Sambre) et Sœur Françoise Lacroix, (Liévine, 41 ans, de Pont-sur-Sambre), brigittines ; Sœur Joseph Leroux, (Anne-Joseph, 43 ans, de Cambrai), clarisse.
Au XXème siècle, pendant la guerre d’Indochine, dix-sept témoins du Christ sont martyrisés au Laos entre 1954 et 1970. Parmi eux, nous trouvons deux prêtres Oblats de Marie Immaculée issus de notre diocèse : Michel Coquelet mort en 1961 et originaire de Wignehies et Jean Wauthier mort en 1967 originaire de Fourmies.
Mentionnons, pour finir, sainte Barbe qui subit le martyre à Nicomédie(actuelle Turquie) vers 300. Elle figure au calendrier diocésain pour une raison toute simple : elle est la patronne des mineurs !
UNE SAINTE FEMME (1)
Pour conclure notre panorama des saints du diocèse, portons notre regard vers Pharaïlde qui, malgré le désir de se consacrer à Dieu, doit subir un mariage forcé avec un homme violent. Elle est installée à Bruay-sur-Escaut, mais plus d’un siècle après sa mort à 90 ans (vers 740), son corps est transféré à Gand (vers 880), ville dont elle est la sainte Patronne.
P Bertrand Estienne, mai 2020
Ci-dessous une table de l'année des saints fêtés dans le diocèse ainsi qu'une table alphabétique à télécharger :